Violences conjugales : en finir avec les idées reçues

De nombreuses croyances circulent encore autour des violences conjugales. Elles entretiennent le silence, culpabilisent les victimes et minimisent la gravité des faits. Voici quelques-unes des affirmations les plus fréquentes — et pourquoi elles sont fausses.

"Si c’était vraiment si grave, elle serait partie."

« J’ai mis des années à partir. Je n’avais pas d’argent, pas de logement, et j’avais peur qu’il me retrouve. »

Quitter un conjoint violent est souvent extrêmement complexe : peur de représailles, isolement, dépendance financière, enfants à charge, etc.

De nombreuses victimes partent plusieurs fois avant de réussir à se protéger durablement. Le départ n’est pas un manque de volonté, mais un parcours à risque.

"Il ne l’a jamais frappée, donc ce n’est pas de la violence."

« Il ne m’a jamais touchée physiquement, mais j’étais constamment humiliée, surveillée, contrôlée. »

Les violences conjugales ne sont pas uniquement physiques. La violence psychologique, verbale, économique ou sexuelle est tout aussi grave.

Elle peut détruire l’estime de soi, isoler la victime et la maintenir sous contrôle.

"Les disputes de couple, ça arrive à tout le monde."

« Ce n’étaient pas des disputes. Je n’avais pas le droit de répondre. Je vivais dans la peur. »

Un désaccord dans un couple sain est ponctuel et basé sur l’échange.

Les violences conjugales reposent sur une logique de domination et de contrôle, avec une répétition des comportements violents et une absence de réciprocité.

"Elle exagère, il a juste eu un moment de colère."

« Il disait que c’était à cause du stress. Mais les excuses ne changeaient rien, et les violences continuaient. »

La violence n’est pas une perte de contrôle, mais un moyen de dominer.

Une « crise » n’excuse ni les insultes, ni les coups. Dans la majorité des cas, la violence est répétée et s’inscrit dans un cycle.

"Les hommes aussi sont victimes, on n’en parle jamais."

« Oui, il y a des hommes victimes. Mais ce n’est pas en niant la réalité des femmes qu’on les aidera. »

Les hommes peuvent être victimes de violences conjugales et doivent être protégés.

Toutefois, les femmes représentent l’immense majorité des victimes identifiées. Il est possible d’accompagner toutes les victimes, sans opposer leurs réalités.

"Un bon père ne serait jamais violent avec ses enfants."

« Il ne les frappait pas, mais il criait, cassait des objets. Mes enfants étaient terrorisés. »

La violence conjugale a toujours un impact sur les enfants, même s’ils ne sont pas directement visés.

Être co-victime de violences ou vivre dans un climat de peur nuit gravement à leur développement, à leur santé mentale et à leur sécurité.

"Ce genre de choses n’arrive que dans les milieux précaires ou peu éduqués."

« De l’extérieur, tout semblait parfait. Personne n’aurait cru ce que je vivais. »

Les violences conjugales touchent tous les milieux sociaux, toutes les professions, tous les niveaux d’études. Elles peuvent se produire dans tous les types de foyers.

Les stéréotypes empêchent de reconnaître les victimes et les freinent dans leur demande d’aide.

"La violence conjugale, c’est une affaire privée."

« J’avais honte d’en parler, je pensais que ça ne regardait que nous. Mais le silence m’a isolée encore plus. »

La violence conjugale est un problème de société, qui engage la sécurité, la santé et les droits humains.

Elle concerne les proches, les professionnels et les institutions. Ne pas intervenir, c’est laisser la victime dans le danger.

"Les violences conjugales cessent après une plainte ou une ordonnance de protection."

« Après la plainte, il a continué à me harceler, à menacer ma famille. »

Une procédure judiciaire est un outil essentiel, mais la protection ne s’arrête pas là.

La vigilance, le soutien et l’accompagnement doivent se poursuivre pour garantir la sécurité à long terme.

"Si elle ne porte pas plainte, c’est qu’elle ment ou qu’elle ne veut pas vraiment s’en sortir."

« Je n’ai pas porté plainte parce que j’avais peur des représailles, ou parce que je n’avais pas de preuve. »

La plainte est une démarche lourde et complexe, parfois impossible pour la victime.

Elle ne signifie pas toujours que la violence n’existe pas. De nombreuses raisons légitimes peuvent empêcher une plainte.