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Comment intervenir avec bienveillance et respect
Quand le contrôle s’installe : comment agir en tant que proche
Identifier les stratégies de l’agresseur
Voir clair dans la confusion, c’est déjà reprendre du pouvoir.
Les personnes violentes ne crient pas toujours. Elles ne frappent pas toujours. Elles savent manipuler, faire douter, retourner les situations, se faire passer pour la victime.
Elles utilisent des stratégies de contrôle très précises, souvent invisibles au début, mais qui enferment peu à peu la personne dans un rapport de domination et d’emprise.
Identifier ces stratégies, c’est briser l’isolement mental dans lequel l’agresseur essaie d’enfermer sa cible.
C’est reprendre un morceau de pouvoir, c’est retrouver de la clarté, et commencer, doucement, à se reconnecter à soi.

1. L’inversion de la culpabilité : "C’est toi le problème"
C’est une stratégie très fréquente. L’agresseur renverse les rôles.
Il/elle rejette systématiquement la faute sur l’autre : « Si tu n’étais pas comme ça, je ne me mettrais pas en colère », « Tu me pousses à bout », « Tu dramatises tout ».
2. L’isolement : couper la personne de ses soutiens
L’agresseur cherche à couper la victime de ses ami·es, de sa famille, de ses collègues.
Il ou elle dénigre l’entourage, crée des conflits, insiste pour « qu’ils restent entre eux », empêche les sorties, surveille les messages, invente des jalousies.
Moins il y a de lien social, plus il est facile d’installer un climat de contrôle total. La personne victime se sent seule, n’a plus de repères extérieurs pour valider ses ressentis.
3. Le chaud-froid : déstabiliser pour mieux dominer
C’est l’une des stratégies les plus puissantes.
L’agresseur alterne les phases de violence et de tendresse, de reproches et d’excuses, de menace et de compliments. Il peut être adorable un jour, puis glacial ou agressif le lendemain.
La personne victime est dans l’attente permanente, dans le doute, dans l’espoir que « ça va s’arranger ». C’est ce qu’on appelle le cycle de la violence. Ce mécanisme renforce l’attachement, comme une dépendance émotionnelle.
4. Le déni et la minimisation : "Tu exagères", "C’était pour rire"
L’agresseur nie les faits. Il fait passer les humiliations pour des plaisanteries. Les cris pour un « coup de stress ». Il prétend que « ça ne s’est pas passé comme ça », ou accuse l’autre d’être trop sensible.
5. La menace voilée ou directe : faire peur pour garder le contrôle
Parfois, les menaces sont claires : « Si tu pars, tu perds tout », « Je te détruis ».
Parfois, elles sont plus subtiles : silences lourds, regards intimidants, phrases sous-entendues.
L’agresseur sait que la peur est une arme efficace pour que l’autre se taise, reste, obéisse.
Être présent·e, c’est déjà résister.
Tu ne peux pas tout faire à la place de la personne concernée.
Et tu n’as pas besoin d’avoir toutes les réponses, ni de sauver qui que ce soit. Mais ta présence, ton écoute, ton regard qui ne juge pas, peuvent déjà faire une brèche dans le contrôle de l’agresseur.
Aide à mettre des mots sur ce qu’elle ou il vit
Parler de violence peut être trop lourd. Mais tu peux nommer doucement ce que tu observes :
- « Ce que tu vis ressemble à du contrôle… »,
- « Tu n’as pas à être rabaissé·e comme ça, ce n’est pas normal. »
Juste ouvrir un espace où la personne peut envisager une autre réalité.
Sois cette personne de confiance, sans condition
Même si la personne revient vers l’agresseur. Même si elle se tait longtemps.
Rappelle-lui qu’elle peut venir vers toi quand elle veut, comme elle est.
« Je suis là, même si tu ne veux pas parler tout de suite. »
Ton écoute stable peut être un repère quand tout vacille.
Valide ses ressentis, même si elle doute d’elle-même
La violence déforme la perception. L’agresseur installe le doute, la honte, la confusion.
Tu peux aider à remettre du vrai dans ses repères :
- « Tu n’exagères pas. Ce que tu ressens est légitime. »
- « C’est normal de te sentir perdu·e. Tu as le droit d’avoir mal. »
Ta parole peut faire contrepoids à celle de l’agresseur.
Encourage-la à noter ce qu’elle vit (si c’est possible et sans danger)
Rappelle-lui qu’elle n’est pas responsable
Les agresseurs sont passés maîtres dans l’art de faire culpabiliser.
Répète-lui, sans relâche :
- « Ce n’est pas ta faute. »
« Tu n’as rien fait pour mériter ça. » - « Il n’a pas le droit de te faire ça, jamais. »
Ces phrases sont des boucliers contre la honte.
Informe, sans forcer
Propose des ressources, des contacts d’aide, sans pression.
« Si un jour tu veux parler à quelqu’un, je peux t’aider à trouver un endroit sûr. »
« Il existe des associations où tu peux juste poser des questions. »
Donner accès à l’info, c’est ouvrir des portes sans les pousser.
Sois patient·e
Elle, il,fera les choix quand ce sera possible.
Sortir de l’emprise prend du temps. Ce n’est pas un manque de volonté, c’est une survie intérieure.
Tu n’as pas à convaincre.
Tu as juste à être là, vraiment là.
Ta constance peut être une lumière dans le brouillard.
Être un·e allié·e, ce n’est pas tout porter.
C’est accompagner sans diriger, protéger sans enfermer, aimer sans condition.
