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Des histoires, des vécus, des voix.
Chaque parcours est unique, mais il y a des similitudes dans ce que l’on traverse. Peut-être que tu t’es senti·e piégé·e dans un cycle, peut-être que tu ne savais même pas qu’il avait un nom. Peut-être que tu n’as pas su comment en parler ou que tu as eu peur d’être jugé·e.
Les témoignages que tu trouveras ici reflètent ce que beaucoup d’entre nous ont vécu : la tension qui monte, l’explosion, puis les excuses. Des moments d’espoir, suivis par des rechutes. Ce cycle est réel, et il affecte profondément. Mais comprendre ce mécanisme, c’est déjà un premier pas vers la libération.
Ces histoires sont partagées pour te donner des mots sur ce que tu as vécu, te faire comprendre que tu n’es pas seul·e, et peut-être t’aider à te reconnaître dans un chemin de reconstruction.
Toi aussi, tu peux témoigner...
Violence psychologique
« Je suis restée huit ans. Huit ans à entendre que j’étais trop sensible, trop compliquée, jamais assez bien. Il ne m’a jamais frappée. Mais il savait exactement où appuyer pour me faire douter. J’avais l’impression de marcher sur un fil invisible. Tout pouvait dégénérer sans raison. Un mot de travers, un regard, une remarque — et la tension montait. Alors je faisais tout pour éviter ça. Je devenais lisse, prudente. Je m’excusais sans arrêt, même quand je n’avais rien fait.
Puis venait l’explosion. Pas de cris, pas de coups. Juste des mots. Des heures à m’humilier, à me faire sentir minable. Il me disait que personne ne voudrait jamais de moi, que j’avais de la chance qu’il reste. Et après… il redevenait doux. M’amenait un café, me caressait les cheveux, comme s’il n’avait jamais dit ce qu’il avait dit. Et moi, je m’y accrochais. Je me disais qu’il m’aimait, que je l’avais peut-être provoqué. Mais à force, je ne savais plus qui j’étais. La violence psychologique, ça te détruit sans faire de bruit. Je n’avais plus besoin qu’il me détruise. Je le faisais toute seule. »

Julie
35 ans
Violence économique et administrative
« On était mariés depuis deux ans quand j’ai perdu mon boulot. C’est là que tout a basculé. Elle a commencé à me faire sentir inutile. Elle contrôlait toutes les dépenses. J’avais des comptes à rendre pour chaque euro. Elle gardait les codes bancaires. Elle disait que je n’avais pas besoin d’argent puisque je ne ramenais rien. Je ne pouvais même pas acheter un café sans devoir demander.
La tension montait à chaque fois que je demandais quelque chose. Elle me rabaissait devant les autres. Et puis elle me disait que c’était temporaire, qu’elle m’aimait, qu’elle gérait pour nous deux. C’était la phase des excuses. Elle me faisait un virement de 20€, je devais dire merci.
Quand j’ai voulu partir, elle a gardé les papiers, les documents pour mes démarches. Elle a même menti à l’administration pour me bloquer. J’étais piégé, sans compte, sans logement, sans droit. On pense que les violences économiques n’arrivent que dans des couples très riches ou très précaires. Mais ça peut toucher n’importe qui. Et c’est une forme d’emprise terrible. Quand on t’enlève ton autonomie, on t’enlève le droit de respirer. »

Louis
27 ans
Violence physique
« Au début, c’était ‘rien’. Un coussin jeté, une porte claquée fort près de moi. Et puis un jour, une baffe. Il s’est excusé immédiatement. Il a pleuré. Il a dit qu’il était dépassé, qu’il m’aimait, qu’il ne se reconnaissait plus. Je l’ai cru. Ou plutôt, j’ai voulu le croire. Et puis c’est revenu. De plus en plus fort. Les coups. Les insultes qui allaient avec. Toujours suivis d’un pardon. D’un cadeau. D’un câlin. D’une promesse. »
« J’avais honte. Parce que j’étais éduquée, engagée, féministe. Je me disais : ‘comment j’ai pu me retrouver là-dedans ?’ Je pensais que c’était exceptionnel. Mais en fait, j’étais coincée dans ce cycle. Tension — coup — excuses — lune de miel — et on recommence. Pendant sept ans. J’ai mis du temps à comprendre que l’amour ne justifie jamais la peur. Et qu’un seul coup, c’est déjà trop. Aujourd’hui, je suis partie. Mais certaines nuits, je me réveille encore en sursaut. »

Claire
42 ans
Et après ? Vivre, petit à petit. Se reconstruire.
Sortir de la violence, ce n’est pas une ligne droite. Ce n’est pas une décision magique qui efface tout. C’est un chemin. Un long, parfois très lent chemin.
Il y a les doutes, la peur de retomber, la solitude, les souvenirs qui collent.
Mais il y a aussi des premières fois : le jour où on respire à nouveau sans crainte, le moment où on ose dire ce qu’on a traversé, la seconde où on comprend qu’on n’est plus seul·e.
Ce sont ces moments-là que nous voulons partager ici.
“Les violences intrafamiliales laissent des cicatrices visibles et invisibles. Elles brisent des vies, mais il est possible d’en sortir. »

Elodie
36 ans
« Pendant longtemps, je ne voulais pas me faire aider. Je pensais que je devais m’en sortir seul. Puis un jour, j’ai poussé la porte d’une asso. Juste pour parler. Et j’ai compris que ma souffrance avait le droit
d’exister. J’ai appris à me respecter. À poser des limites. À m’écouter. Ça ne guérit pas tout, mais ça change tout. »

Noah
29 ans
« Il m’a fallu des années pour appeler ça de la violence. Mais une fois que j’ai mis le mot, j’ai pu commencer à guérir. J’ai écrit. J’ai crié. J’ai consulté. J’ai aussi eu des jours de rien, des jours de vide. Mais petit à petit, j’ai repris place dans ma propre vie. Aujourd’hui, j’aide à mon tour. Et je sais que c’est possible de revivre, même après. »

Zahra
41 ans