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Quand aimer rime avec contrôler : comprendre le contrôle coercitif
Pendant longtemps, on a cru qu’on exagérait.
Qu’on était “trop sensible”, “pas assez forte”, “un peu perdue”.
On disait qu’on était « sous emprise », comme si c’était une faiblesse personnelle.
Mais aujourd’hui, on veut remettre les choses au clair.
L’emprise n’est pas un état de la victime. Le vrai problème, c’est le contrôle coercitif.
Ce n’est pas un défaut d’attachement. C’est une méthode de domination.

Le contrôle coercitif, c’est quoi ?
C’est une violence invisible, lente, mais organisée.
C’est quand un partenaire impose progressivement ses règles, ses volontés, jusqu’à vous faire perdre votre liberté, vos repères, votre sécurité.
Ce n’est pas un “dérèglement amoureux”. C’est un système intentionnel mis en place par l’auteur pour prendre le pouvoir.
Ça peut prendre la forme de :
- Surveillance constante (téléphone, horaires, vêtements)
- Isolement social (« tes ami·es ne t’aiment pas », « ta famille te monte la tête »)
- Culpabilisation, rabaissement, chantage affectif
- Contrôle financier, décisions sans votre avis
Menaces, cris ou silences punitifs - Manipulation : il/elle vous fait douter de vous, de ce que vous avez vu, dit, ressenti
Le but n’est pas le conflit. Le but est le contrôle.
"Emprise" : attention au mot
Le mot emprise est parfois utilisé pour décrire ce que vivent les victimes. Mais il peut être piégeant.
Pourquoi ?
Parce qu’il donne l’impression que c’est la victime qui est “faible” ou “influençable”, alors qu’en réalité :
- Ce n’est pas un manque de volonté
- Ce n’est pas un défaut psychologique
- Ce n’est pas un amour “mal placé”
C’est une violence planifiée par l’auteur, qui agit par étapes pour affaiblir, isoler, dominer.
Le mot « emprise » peut être utile pour décrire ce qu’on ressent — cette perte de repères, ce brouillard mental — … mais il ne doit jamais faire oublier qui est responsable : l’auteur de la violence.
Ce que dit la loi
Le contrôle coercitif est désormais pris en compte par la justice française.
Même s’il n’y a pas eu de coups, vous pouvez être protégé·e.
Ordonnances de protection, dépôt de plainte, accompagnement juridique : des recours existent.
Ce que vous vivez est reconnu.
Et ce n’est pas “dans votre tête”. C’est une infraction, pas une confusion sentimentale.
Vous avez le droit d’être cru·e. Et d’être aidé·e.
Le contrôle coercitif détruit en silence. Mais il est possible d’en sortir, avec du soutien, des mots justes, des repères clairs.
Consultez notre annuaire des ressources locales pour trouver :
- Des professionnel·les formé·es à ces violences (psychologues, avocat·es, associations)
- Des lieux d’écoute, d’hébergement, d’accompagnement
- Des personnes qui savent que vous n’êtes pas responsable
Ce n’est pas vous qui êtes en tort
Vous avez peut-être douté. C’est normal.
Vous avez peut-être eu peur, aimé, espéré, excusé.
Mais vous n’êtes ni naïf·ve, ni faible, ni complice.
Vous avez subi une stratégie de contrôle. Point.
Nous sommes nombreuses à être passées par là.
